Avant de revoir mon urologue j’avais lu des mises en garde sur le risque d’être traité sur des critères non ajustés à ma santé personnelle: par exemple les motivations financières des dispensateurs de soins; ou des « moyennes », des « standards » professionnels fixés pour la commodité de la corporation médicale. En conséquence: si l’on est dans la moyenne où une intervention « s’impose »: un chirurgien voudra vous opérer; un radiologue vous envoyer des rayons et un oncologue de la chimiothérapie. Heureusement mon urologue n’ajoutait aucune de ses spécialités à la sienne, et je pouvais, dans certaines limites, avoir une discussion plus libre avec lui (puis-je dire que pensais alors au choix laissé au condamné entre une balle, la corde et la chaise électrique? je peux maintenant m’offrir le luxe d’un peu d’humour à ce sujet :-)). Peu sûr de ma mémoire, essentiellement « émotionnelle » dans le contexte stressant d’un entretien perçu comme « décisif », pas du tout certain de ma capacité à comprendre les mots du corps médical, j’avais préparé une diapo afin d’orienter moi-même l’entretien. Cf ci-joint un extrait de ce document que j’avais eu l’initiative d’envoyer préalablement au secrétariat du médecin.
La flèche rouge située entre risque faible et risque moyen, et non au milieu du risque moyen, montrait mon voeu d’être soumis simplement à une « vigilance active ». A me glisser, mine de rien, dans l’autre file… J’attachais encore de l’importance aux avis « statistiques » ou « consensuels » d’un monde médical pas encore à mes yeux désacralisé. D’où ma déception de me voir encore invité à choisir, pour les prochains mois, mon type de traitement « invasif » autorisé (bel euphémisme, mais le vocabulaire manque pour exprimer avec nuances les multiples niveaux de nocivité ou de nuisance qui résultent de certains modes de soin, sans doute parce que la profession est censée se soumettre avant tout au commandement: « premièrement ne pas nuire »); avec comme corollaire la quasi assurance « statistique » que je serais encore en vie au moins 5 ans après avoir raisonnablement accepté une des propositions. Donc l’intervention ne me tuerait pas trop vite et ses effets « secondaires » auraient le temps d’être recouverts par l’invocation commode de l’âge du patient… Un point clé sur lequel j’avais déjà le plus grand scepticisme.
Ainsi, il me restait à choisir entre l’avis médical et une volonté forte de m’assurer les meilleures chances de bonne santé durable, non obérées par les séquelles d’une intervention quelle qu’elle soit.
J’ai vécu avec cette incertitude pendant tout le premier semestre de 2014, et parfois des moments de sueur froide ou d’écartèlement comme un jour d’avril: le matin les résultats d’une IRM amenaient un grand professeur parisien à me presser vers la combinaison rayons/privation d’hormones masculines; l’après-midi la doctoresse qui m’avait introduit au LABM Lauriston m’affirmait, sur la base d’une analyse de sang, que mon cancer n’était pas grave et que mon système immunitaire faisait du bon travail (un pronostic courageux -auquel je repense avec gratitude- d’autant qu’ elle avait déjà eu à s’expliquer devant le Conseil de l’ordre des médecins, assortis d’une prescription de produits naturels « anti-cancer » controversés).
Que faire? « Passer à la casserole », (un résumé facile mais expressif pour les « solutions » lourdes en dommages en tous genres)? Continuer à approfondir, avec de nouveaux produits, mes solutions douces (nutritionnelles, sportives, émotionnelles) en attendant qu’elles portent des fruits tangibles? Entre ces deux extrêmes j’optai pour un compromis, celui de la thermo-thérapie trans-urétrale subie en Bavière que j’évoque dans mon article du 20 septembre 2014 (« Les bonnes nouvelles de l’été »)
Dans un premier temps j’eus l’impression que ces soins, il est vrai spectaculaires, allaient éliminer le cancer; mais je juge à présent que ce fut probablement un coup pour rien sur le plan thérapeutique. Il reste que cela m’a aidé à m’installer durablement dans le refus des solutions dommageables à ma santé; et dans un recours acharné à une gamme sans cesse élargie de thérapies naturelles (cf mon article du 28 septembre 2014: « aspects de mon style de vie au début de l’automne 2014 »). Sans perdre de vue les conclusions du test « oligoscan » évoquées dans mon article du 4 janvier, montrant que le K de la prostate n’était pas mon unique souci de santé. J’avais beaucoup réfléchi sur la différence majeure entre la médecine occidentale, de plus en plus spécialisée et « financiarisée » et les traditions asiatiques où l’on prend en compte la globalité de la personne et l’absolue nécessité d’anticiper. Sans l’avoir prémédité, je devenais chaque jour davantage le seul responsable de ma santé, immédiate ou durable. Et à rebours de la tendance à séparer les problèmes, où chaque spécialiste ne veut voir que ce qu’il sait faire, je voulais aller vers des solutions d’ensemble s’adressant simultanément à tous mes soucis de santé.
Au total il m’a fallu un an pour cesser d’hésiter entre le pire et le meilleur… Et pour aller du « local » (mon K était en effet resté « localisé » dans l’enveloppe de ma prostate) au « global » ./.